La transition numérique des avocats s’accélère avec la Covid-19. En effet, contraints de changer leur façon de travailler, nombreux sont les avocats passant le cap de la digitalisation. On observe donc une hausse de l’utilisation des outils numériques sous toutes leurs formes. Site internet, espaces clients et intranet, prise de rendez-vous en ligne, entretien en visio-conférence… Le tout dans l’objectif d’assurer la continuité de l’activité et d’entretenir une relation avec les clients. Ainsi, selon l’étude de l’Observatoire national de la profession d’avocat du CNB de septembre 2020, plus de 68% des cabinets participants auraient suivi des formations en ligne pendant le confinement ; et plus de 25% mis en place la prise de rendez-vous en ligne. Des chiffres qui augmentent encore suite au second confinement, d’après LexisNexis.
Digitalisation, une question de survie pour les avocats en période de Covid
Outre une simplification valable en toute situation, le digital offre aux cabinets d’avocats les clés pour survivre en période de crise. Ainsi, d’après une enquête LexisNexis de décembre 2020, 67 % des avocats utilisent désormais la visioconférence. 41 % ont adopté la signature électronique. 36 % ont mis en place des solutions extranet pour partager des documents et informations au sein du cabinet et avec les clients.
Toutefois, ces chiffres révèlent aussi que l’adoption du digital dans la profession reste encore insuffisante. Toujours d’après cette enquête, près de la moitié sont équipés d’un logiciel de gestion mais les outils périphériques restent marginaux. 29 % seulement utilisent une solution de reconnaissance vocale ; 27 % sont dotés d’un outil de numérisation ; moins de 13 % disposent d’un CRM.
Concernant les outils propres à la profession d’avocat, le constat n’est pas beaucoup plus reluisant. Les solutions de robotisation des contrats ou d’analyse de la jurisprudence ne suscitent qu’un faible taux d’utilisation. En revanche, ils génèrent un grand intérêt des avocats, laissant paraître que le manque d’appropriation des outils relèverait surtout d’une méconnaissance des solutions, d’un manque de temps pour la mise en place et l’apprentissage, ou d’une appréhension à changer de façon de travailler. Pour cause, avec le digital, c’est toute la manière d’envisager une journée type qui évolue.
Pourtant la division R&D de LexisNexis, Lexis Intelligence, développe des outils dédiés pour les professions juridiques. Elle a d’ores et déjà mis sur le marché sa solution Lexis® PolyOffice. Un écosystème fonctionnant avec les logiciels de gestion de cabinet, de rédaction intelligente, de signature électronique ou encore de numérisation. Outre la bureautique, elle est également à l’initiative de nouvelles solutions utilisant les technologies de l’intelligence artificielle. Justice prédictive, veille juridique, optimisation de contrats… De quoi améliorer la productivité et l’efficience des avocats.

La transition numérique, des besoins émis depuis longtemps par les avocats
Si la crise sanitaire force la main à la profession, il n’en est pas moins que le besoin de digitalisation se faisait déjà sentir bien avant. En revanche, l’ampleur de la tâche déclenchait davantage l’inertie que l’agitation. Aussi, l’usage de l’ordinateur reste encore aujourd’hui plutôt tourné vers la production (échange de mails, rédaction de contrats…) que sur la création de valeur. C’est pourtant occulter toute la dimension collaborative, sécuritaire, et mobile qui entoure les solutions informatiques professionnelles. En la matière, de nouvelles collaborations entre start-ups et avocats voient le jour.
Depuis des années, les éditeurs de logiciels et outils numériques cherchent à convertir le monde du droit. Toutefois, sans pression particulière, l’acculturation ne se faisait que très peu. Avec la Covid-19, les lignes semblent bouger un petit peu.
Une étude réalisée par Ifop pour la Legaltech Doctrine en avril et mai 2020 donnait à voir une évolution dans la perception du digital pour les avocats. D’abord, ils étaient 88 % à reconnaître vivre des difficultés à cause du confinement. Ensuite, pas moins de 54 % énoncent un besoin de simplification des procédures ou d’accélération dans la réalisation des tâches. Plus encore, 86% des professionnels demandent des outils numériques pour échanger avec les juridictions.
Dans la même veine, près des trois quarts des participants expliquent vouloir améliorer leur présence en ligne. Ils sont aussi entre 65 et 70 % à plébisciter des outils pour de la recherche d’information juridique, dialoguer ou suivre des dossiers.
Notons toutefois que des solutions abouties pour répondre à ces demandes existent déjà. Outil de veille juridique ; base de données juridique ; analyse de la jurisprudence ; assistance à la rédaction ; optimisation de contrats ; chat et espaces collaboratifs ; justice prédictive… Il reste encore une énorme différence entre le déclaratif, en faveur de la digitalisation du métier d’avocat, et l’usage réel qui en est fait.

Valoriser le conseil de l’avocat, gagner en valeur ajoutée avec le digital
A l’origine, le rejet de la transition numérique était principalement attribué à la peur de perdre sa valeur ajoutée en tant qu’avocat, d’être remplacé par des machines. En réalité, les solutions développées permettent uniquement de se débarrasser des tâches les plus chronophages et répétitives, ainsi qu’à améliorer la relation client. Pour cause, dans la plupart des missions, la machine ne peut pas remplacer le juriste, il vient le seconder, lui permettre de prendre des décisions plus éclairées.
Les métiers du droit restent donc assez peu modélisables. En effet, les avocats doivent gérer des situations complexes avec beaucoup de tenants et aboutissants. Par conséquent, la dimension humaine y est très présente : conseil, contentieux, transmission, divorce… Outre cette empathie qui est propre à l’humain, le croisement d’expertises est également difficile à modéliser.
L’objectif de l’intelligence artificielle (IA) n’est donc pas de remplacer l’avocat, mais de lui donner les outils pour éclairer les décisions, donner des options, mieux documenter, cerner les problématiques. Ces outils permettent aussi de mieux exposer au client la situation. En réalité, l’IA permet surtout de créer ce qu’on peut appeler un “avocat augmenté”.
Ainsi, en permettant de gagner du temps, ces nouveaux outils obligent les cabinets d’avocats à revoir leur mode de facturation et à remettre le conseil au cœur de leur métier. On quitte donc la logique de facturation au temps passé et on valorise la pertinence des recommandations, la qualité des informations, au service de la valeur ajoutée de l’avocat.
Sources
- “Quelle transition numérique pour les avocats ?”, enquête LexisNexis, décembre 2020
- Étude de l’Observatoire nationale de la profession d’avocat du CNB « Covid 19 situation professionnelle des avocats » , septembre 2020
- Enquête IFOP : La transformation numérique des métiers du droit poussée par le Covid-19, Doctrine, mai 2020