Les titres restaurant ne sont-ils plus les bienvenus pour les restaurateurs ? Appréciés par les clients qui les reçoivent par le biais de leur entreprise, ils servent de moyen de paiement lorsqu’ils mangent au restaurant. Pour autant, les “chèques restaurant” ne font pas l’unanimité du côté des professionnels pour plusieurs raisons. Parmi les mesures prononcées par le Gouvernement figure notamment le maintien d’un montant journalier des titres restaurant plafonné à 38€. Cette mesure s’applique jusqu’à février 2022, mais est bien de plaire aux restaurateurs qui s’y montrent opposés.
Les titres restaurant désavantagent les professionnels de la restauration
Si cette grogne des restaurateurs est importante cela n’est pas sans raison. En effet, la moitié (49,5%) des professionnels n’approuvent pas ces récentes mesures. Ils estiment notamment que l’utilisation de tels titres est plus à l’avantage des émetteurs que du leur. Ils invoquent notamment leur gêne par rapport aux commissions, jugées bien trop élevées. Après la période que la restauration vient de traverser, les restaurateurs entendent bien remonter la pente.
Ce que les clients ignorent, c’est que les titres restaurants ne vont pas entièrement dans les comptes du restaurant qui les reçoit. En effet, une commission importante, environ dix fois plus que lors d’un paiement par carte bancaire traditionnelle est prélevée pour chaque paiement par titres restaurant. Les professionnels perçoivent alors moins de revenus, ce qui n’est pas à leur avantage.
Pour la plupart des restaurateurs, prendre les titres restaurant n’est pas un choix fait par plaisir, mais plutôt pour ne pas perdre une clientèle précieuse. Un choix par dépit qui n’est pas un choix de cœur pour 64% d’entre eux. Seuls 4,7% des restaurateurs ont fait le choix de ne pas accepter un tel moyen de paiement. Ce refus découle de nombreux facteurs. Tout d’abord, le montant des commissions appliquées, toujours trop élevées pour 75% des professionnels.
Vient ensuite le problème des délais et des modalités de remboursement, bien trop complexes et longs pour 16,4%. En effet, lorsqu’un client paie par titre restaurant, l’argent n’est pas immédiatement perçu par le restaurateur. Ce dernier doit transmettre tous les titres à l’émetteur, qui le rembourse ensuite du montant imputé de la commission. Ce qui n’aide pas les établissements à se relancer rapidement avec les recettes liées aux couverts.
Enfin, 11,7% des établissements qui refusent les titres restaurant le font parce que leur gestion est très complexe et chronophage… Ce qui ne facilite pas leur activité et leur relance.

Un problème de transparence qui interroge
Si auparavant les restaurants acceptaient largement le règlement par titres restaurants… Beaucoup y renoncent aujourd’hui ou se montrent bien plus sélectifs quant aux moyens de paiement acceptés. Une large majorité des établissements qui tolèrent le paiement par titre restaurant le font car il s’agit d’une demande des clients (87,3%)…. Là où 64% estiment ne pas avoir le choix, sans quoi ils risquent de perdre une partie de leur clientèle.
En effet, certains restaurants se trouvent dans des emplacements stratégiques, dans des zones professionnelles. Pour 37,6% des établissements, leur clientèle à l’heure du déjeuner se compose essentiellement de salariés qui viennent manger sur le temps de pause… Et règlent par titres restaurant. Une clientèle importante donc, qui “obligent” à conserver ce paiement pour ne pas perdre cette activité stratégique.
Toutefois, la question de la transparence vis-à-vis de ce qui est prélevé ou conservé par le restaurateur freine le déploiement des titres restaurant. 64,5% des professionnels regrettent cette absence d’informations, aussi bien pour eux que pour les clients. Car nombreux pourraient renoncer aux titres restaurant dans une démarche de soutien des restaurateurs. Par ailleurs 85,4% des restaurateurs qui ont décidé de ne plus accepter les titres restaurants l’ont fait à cause de cette opacité.
En France, près de 4,5 millions de titres restaurants sont utilisés chaque jour. Lorsque l’on fait les comptes, par rapport aux recettes perçues au final par les restaurateurs… Le résultat montre bien que les restaurateurs perdent des sommes considérables, ce qui impacte leurs bénéfices. D’autant plus que le marché du titre restaurant pèse à lui seul plus de 7 milliards d’euros… De quoi faire réfléchir clients et restaurateurs..
Sources :
Titres-restaurant : Résultats d’étude auprès des restaurateurs. Etude Worklife publiée le 23 septembre 2021
Le plafond à 38 € des tickets restaurants 2021 est prolongé jusqu’au 28 février 2022. Service Public, publié le 26 août 2021
Les titres-restaurant URSSAF