Thibaut et Maxime ROORYCK, Value Feet. Portrait

Thibaut et Maxime Rooryck sont les fondateurs de l’entreprise Value Feet. Issus chacun de formations totalement différentes, les deux frères se complètent à la perfection dans leur entrepreneuriat. Ensemble, ils ont créé Value Feet, proposant des solutions de fers à chevaux sur-mesure grâce au développement d’une technologie innovante. Leur rêve était d’entreprendre à deux et ce depuis tout petit. Leur motivation et leur passion commune les a menés à  la création d’une chaîne de valeur complète.

Thibaut et Maxime ROORYCK, deux profils complémentaires et un lien familial 

Les deux frères ont suivi chacun des vocations différentes, avant de se retrouver pour créer ensemble leur entreprise. Ainsi, Thibaut ROORYCK est diplômé d’un master 2 en brand management réalisé dans l’école de commerce ISEG de Bordeaux. Motivé, optimiste et curieux, Thibaut suit et accompagne le développement de jeunes entreprises. Pour cela, il partage sa propre expérience de jeune entrepreneur.

Maxime ROORYCK, quant à lui, est issu d’une formation d’ingénieur en structure et matériaux à l’ENSCBP de Bordeaux. Tout comme son frère, Maxime s’investit dans le monde de l’entrepreneuriat en étant membre de clusters d’entrepreneurs mais également de conseils dans certaines startups. 

Leurs profils complémentaires — créatif, business, technique —  se sont révélés des atouts remarquables pour la création de leur concept. 

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Thibaut et Maxime ROORYCK dans leur usine bordelaise – Photographie par Manon LEPREVOST

Entreprendre, avant tout

Leurs compétences variées leur ont ainsi permis de se compléter et de créer un réel profil entrepreneurial qui fonctionne. En effet, depuis leur plus jeune âge, ils aiment construire à deux et leur lien familial fort les unis plus que jamais. Tous deux de nature curieuse, Thibaut et Maxime ROORYCK ont toujours eu la volonté d’entreprendre, de créer à deux. Néanmoins, la motivation première n’est pas le souhait de devenir leur propre patron, ou encore pour l’art de manager. La volonté entrepreneuriale a surtout été motivée par la création. Ainsi, créer un produit ou un service et mener le projet jusqu’au bout, voilà ce qui résume leur entrepreneuriat.

Au départ de leur aventure, le projet n’était qu’une simple idée puis tout s’est accéléré grâce à un concours. Pour s’y présenter, Maxime et Thibaut ont dû travailler sur du concret et non plus une simple idée. En recherche de création, c’est tout naturellement que les deux frères se sont tournés vers le secteur équestre. Motivés par la passion et la volonté d’améliorer le confort du cheval au travers des fers, ils imaginent alors ce qui deviendra Value Feet. 

Value Feet, dépoussiérer le monde équestre

Value Feet est une start-up spécialisée dans le développement technologique à destination de la maréchalerie. Ainsi, en juillet 2021, l’entreprise lance Delysis, la première gamme de fers à cheval entièrement sur mesure numériquement, avec pour objectif d’améliorer le confort du cheval. C’est en étudiant le travail d’orfèvre du maréchal ferrant que Thibaut et Maxime ROORYCK ont eu l’idée de créer des fers à cheval sur-mesure.

Ils se sont ainsi interrogés sur les matériaux utilisés par le maréchal ferrant pour la réalisation des fers. Et notamment, sur pourquoi les fers à cheval sont systématiquement en aluminium et en fer alors que ce ne sont pas les matières les plus performantes. La réponse se trouvait dans les contraintes de travail du maréchal ferrant. Lequel était forcé au quotidien d’ajuster un fer de base au pied du cheval. Ainsi, l’aluminium et le fer s’imposaient car faciles à travailler et à adapter au pied du cheval.

Toutefois, armés de toutes les possibilités offertes par les nouvelles technologies, Thibaut et Maxime entreprennent de faire passer les fers à cheval dans le 21ème siècle. Ils travaillent alors sur des solutions pour apporter aux ferrures actuelles des matériaux davantage performants tels que le carbone, le plastique ou encore le polymère. En parallèle, ils cherchent également un moyen de faciliter le travail du maréchal ferrant et de lui permettre d’utiliser facilement ces nouvelles solutions. Thibaut et Maxime ROORYCK développent alors un scanner permettant de créer l’empreinte 3D du sabot.

Une fois le scanner de l’empreinte du cheval réalisé et traité par leur propre logiciel Hubforge, les fers sont produits dans les usines Value Feet. Ainsi, la chaîne de valeur est entièrement maîtrisée du début à la fin du processus, pour garder la main sur la qualité des produits. 

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Fer à cheval Delysis de Value Feet – Photographie par Manon LEPREVOST

Innovation et technologie, un jeu de patience et de persévérance

Il a fallu 6 ans à Value Feet pour arriver à maturité de son innovation technologique. Ayant commencé à deux pour l’élaboration du concept, ils n’ont eu d’autres choix que d’élargir l’équipe pour développer leurs idées. Les recherches de compétences tierces étaient nécessaires et imposées par le projet.

Lors de la phase de sprint développement, l’effectif a même grimpé à 25 personnes. Les compétences en ingénierie étaient les plus recherchées pour l’évolution du projet. Lequel demandait des profils experts en web, système embarqué et logiciels. Actuellement, Value Feet compte 10 personnes pour faire vivre l’entreprise au quotidien.

Un marché frileux, les obstacles à dépasser pour Value Feet

Le marché principal de Value Feet concerne à la fois la France et le monde puisque les produits sont exportés partout sur le globe. Les plus gros clients se trouvent notamment en Suisse, en Europe, au Canada ou encore en Australie. Néanmoins, le déploiement dans les pays les plus lointains s’avère particulièrement complexe car les coûts du transport dépasse le coût du produit.

Contre toute attente, la technologie Delysis s’est avant tout heurtée à l’hermétisme du milieu pour l’innovation. La marque apportait une solution disruptive, applicable à tous clients. En revanche, le marché n’était pas assez digitalement mature pour en saisir tout le potentiel. En France, Thibaut et Maxime ROORYCK sont donc forcés de constater que Value Feet propose des solutions trop performantes pour un marché pas encore prêt. D’un côté, pour le maréchal ferrant, le numérique est vécu comme une hérésie dans un métier au savoir-faire ancestral. La majorité des artisans français n’est donc pas encore prête pour un changement aussi radical dans son métier. Ils sont encore sur la réserve, par peur des impacts sur leur quotidien. Et cela malgré l’apport d’un confort supplémentaire pour leur activité, ainsi que d’une offre différenciante et qualitative.

Le produit est imbattable en termes de prix et de gain de temps mais cela n’est pas suffisant. Loin de se laisser abattre, la start-up vise alors les distributeurs en plus de la vente directe en France. 

Néanmoins, les étrangers possèdent une mentalité différente. En effet, une fois les atouts du produit constatés, son caractère imbattable en termes de technologies mais également de coûts, les professionnels acceptent d’essayer Delysis et l’adoptent.

La crise sanitaire, l’entrepreneuriat à rude épreuve

En plus des difficultés liées au marché, la crise sanitaire de la Covid-19 a également impacté l’activité. Thibaut et Maxime ROORYCK estiment que plus d’un an a été perdu dans le développement de la marque. En effet, comme beaucoup d’activités, le secteur équestre a fortement été touché par la crise. La partie sport et compétition s’est arrêtée, notamment avec l’annulation des concours hippiques. Ainsi, faute d’activités et d’interlocuteurs, la start-up n’a pu vendre et faire connaître son produit davantage. Plus que de ne pas faire de chiffre d’affaires satisfaisant, Value Feet doit accuser des pertes financières conséquentes.

La reprise des concours pour les professionnels a pu s’effectuer vers février 2020, redonnant espoir à Thibaut et Maxime ROORYCK. Néanmoins, quelques jours après, le secteur a fait face à une nouvelle difficulté à cause de la crise de la rhinopneumonie des chevaux. La Fédération Équestre Internationale a ainsi établi une quarantaine mondiale des chevaux. Laquelle a donc remis le secteur équestre à l’arrêt. Selon Value Feet, la reprise d’un schéma normal est estimé à septembre, voire plus loin, à cause d’une certaine inertie dans le processus. 

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Thibaut ROORYCK à gauche et Maxime ROORYCK à droite, fondateurs de Value Feet – Photographie par Manon LEPREVOST

La région bordelaise, un attachement plus sentimental que business pour les frères ROORYCK

Le choix de la région bordelaise pour lancer l’entreprise Value Feet n’a pas été un choix stratégique. Natifs de la région, il était plus qu’évident pour Thibaut et Maxime ROORYCK de fonder leur entreprise ici et non ailleurs. L’usine et les locaux Value Feet se trouvent donc à Canéjan, dans la métropole bordelaise.

Malgré cette décision avant tout sentimentale, fonder sa start-up en Nouvelle-Aquitaine, notamment à Bordeaux, n’en est pas moins pertinent. Région au fort dynamisme économique, la Nouvelle-Aquitaine s’appuie notamment sur sa renommée en France et à l’international. Mais aussi son maillage entrepreneurial et son industrie de pointe. Un paysage dans lequel Thibaut et Maxime ROORYCK ont rapidement pu ancrer Value Feet.

Et pourtant, le marché équestre ne se situe pas dans la région Nouvelle-Aquitaine. S’il avait fallu faire un choix purement stratégique, Thibaut et Maxime auraient plutôt choisi d’implanter leur entreprise à proximité de la Belgique ou encore en Normandie où se concentre davantage le marché. La majorité des clients est donc loin mais cela n’empêche pas le développement de leur activité à venir.

La conquête des récalcitrants, l’ambition de Value Feet

Pour les deux frères, la prochaine étape consiste à déployer la solution Delysis de Value Feet pour permettre à l’entreprise de gagner de l’argent. Et pour cause, Thibaut et Maxime ROORYCK ont réalisé beaucoup d’investissements, à la fois professionnels et personnels. Leur volonté de créer une chaîne de valeur complète se justifie pour contrôler la qualité et les délais, en revanche, cette stratégie demande d’investir massivement dès le départ. En outre, se lancer dans le secteur de l’industrie entraîne des coûts nettement plus importants que dans la plupart des autres secteurs. Ainsi, en dehors de la passion qui les anime, chercher la rentabilité de l’entreprise est nécessaire. 

En décembre 2020, l’ensemble de la technologie est arrivé à maturité. Value Feet a ainsi pris 5 à 6 ans à se développer et désormais le cap est passé. La start-up entre donc dans une période plus confortable. L’enjeu est désormais de faire accepter le produit par le marché sportif et le marché amateur, notamment en France.

Les fondateurs de Value Feet ont la conviction absolue que leur technologie a toute sa place et sa légitimité sur son marché. Ils croient profondément en leur innovation et entendent bien dédier les prochains mois à faire connaître leur marque. Actuellement, Thibaut et Maxime se disent déjà très fiers d’avoir pu apporter leur pierre à l’édifice à l’amélioration du secteur équestre. Une innovation tant pour les chevaux que pour les maréchaux ferrants, qui devraient bien dépoussiérer le secteur dans les années à venir.

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