Hugo MEUNIER est le fondateur de l’entreprise Merci Raymond. Depuis toujours, il a des racines bien ancrées dans la nature. Racines qui l’inspirent au quotidien, dans sa carrière professionnelle. Une enfance et un début de vie adulte dans le Sud-Ouest de la France, partagés entre le Tarn, le Lot et Garonne et Toulouse. L’enchaînement des rencontres et des expériences de la vie l’ont amené progressivement à créer son entreprise… Et à replacer la nature au coeur des villes.
Des études en droit à la réalité parisienne
Hugo MEUNIER a grandi dans le Sud Ouest de la France, où vit sa famille. Il y suit des études en licence de droit privé, à Toulouse avant de partir à Paris. Ses études en Master de Droit se poursuivent alors à la Sorbonne puis à Assas, deux prestigieuses universités françaises. Pour autant, il constate rapidement un écart important entre la vie tranquille à proximité de la nature, et la trépidante et animée vie parisienne.
En effet, à Paris, la vie est à 100 à l’heure, coûte relativement cher au quotidien. De plus, Hugo MEUNIER déplore le manque de nature, d’endroits fleuris en ville, et l’absence de lien social entre les personnes. Il trouve bien plus difficile de tisser des liens amicaux forts qu’ailleurs. Surtout avec le confinement, qui ferme tous les lieux d’échanges comme les universités, les cafés et autres lieux de rencontre.
Malgré cela, Hugo MEUNIER parvient à tisser des liens et à rencontrer quelques personnes. Des amis qui, comme lui, ne vivaient pas à Paris à l’origine. Beaucoup ont quitté la capitale à cause du rythme de vie, du stress quotidien… Mais aussi du manque de nature. Un manque partagé par Hugo, qui s’adapte malgré tout à cette nouvelle vie.
Premières expériences professionnelles, le tremplin vers l’avenir
La première expérience professionnelle d’Hugo MEUNIER à Paris est pour le compte du Conseil National du Numérique (CNUM) entre 2014 et 2015. Il s’agit d’une AAI (autorité administrative indépendante), où il est rapporteur de projet pour la loi au sujet de “Ambition Numérique”. Un projet remis directement au Premier Ministre.
Il travaille également aux côtés de Marie EKELAND, la fondatrice de 2050. Cette expérience lui a particulièrement plu, et l’a motivé à se lancer dans la réalisation de projets personnels qui lui tiennent à coeur.
C’est ainsi qu’il se lance en 2014 dans sa toute première expérience dans l’entrepreneuriat avec “Le Marché de Raymond”. Les produits de sa région lui manquent, et il souhaite les proposer aux Parisiens qui veulent découvrir le terroir. Il crée ainsi un petit site internet, et son activité se fait connaître. Il est ainsi contacté par des RIE pour créer des paniers garnis, distribués dans les entreprises en fin d’année. Mais malgré le succès grandissant de son projet, il ne se voit pas faire cette activité toute sa vie. Raymond, c’est le prénom de son grand-père, un prénom dont la connotation évoque le terroir et la proximité, l’authenticité.
D’une prise de conscience à la concrétisation d’une envie, Merci Raymond
Hugo MEUNIER évolue au coeur d’un monde où deux grandes révolutions sont à venir : une révolution numérique, et une révolution environnementale. Ces deux aspects l’interpellent particulièrement, et le motivent à innover. Il voit en l’environnement de nombreuses opportunités à explorer et à exploiter. L’exemple qui a tout fait basculer se passe à Brooklyn, aux Etats-Unis. Il apprend qu’un potager pousse sur les toits de la ville, faisant émerger le concept d’agriculture urbaine.
Comme à New York, Paris recèle de lieux à exploiter, avec plus de 50 hectares disponibles pour donner de l’espace à la nature. Pour Hugo MEUNIER, il est tout à fait possible d’avoir un jardin au coeur d’une grande ville, d’une métropole, d’une capitale. Son nouvel enjeu est clair : démocratiser cet usage de la nature en milieu urbain. Remettre au coeur des villes la nature, et inciter le rapprochement entre les Parisiens. C’est ainsi que naît Merci Raymond, un remerciement pour le terroir français.
Mais Hugo MEUNIER veut avant tout dépoussiérer l’image qu’ont la plupart des personnes envers le jardinage. Il souhaite le rendre ouvert au plus grand nombre, afin de montrer à quel point jardiner est une activité enrichissante. L’histoire de cette aventure entrepreneuriale débute alors en 2015, avec ses difficultés. En effet, se lancer seul est compliqué quand on est un jeune diplômé de 25 ans sans apport ou levée de fonds. Cette expérience, Hugo MEUNIER y croit, malgré l’absence d’un filet de sécurité.
“On peut être innovant sans avoir de technologie”
Un lancement prometteur de Merci Raymond
Afin de se lancer au mieux, Hugo MEUNIER commence à présenter son projet autour de lui. Rencontrer un maximum de personnes lui permettrait alors de sensibiliser à l’installation d’espaces naturels en ville. Il décide alors de s’entourer pour transmettre son message et commencer son activité. Il rencontre Antoine BAUME quelques mois plus tard, et ensemble, ils valorisent le jardinage. Ils communiquent et se lient avec des personnes ayant des compétences diverses. Une valeur ajoutée qui leur permet de créer un collectif complet.
Tout de suite, ils ressentent un réel besoin de ses espaces, et décident d’agrandir le noyau dur de Merci Raymond avec un nouvel associé, Guillaume HADJIGEORGIORI. 2016 a été l’année des tests, pour mieux cerner le marché et les attentes de la cible. Ainsi, Merci Raymond se tourne vers l’événementiel, le paysagisme ou encore la décoration d’intérieur. Ces piliers de son activité lui permettent de construire une offre adaptée.
“Reconnectons les citadins à la nature”
Les premiers vrais temps forts de Merci Raymond ont lieu peu de temps après, avec les premiers projets remportés. Des projets notamment qui se tiennent à la Station F, ou encore à la Grande Borne. L’image du jardinage accessible et cool réussit, emportée par l’envie des fondateurs de le rendre le plus inclusif possible. Pour cela, Merci Raymond se rend dans des quartiers prioritaires, pour montrer que le jardinage est pour tout le monde, et pas seulement pour une poignée de personnes.
Merci Raymond, un projet à portée environnementale et sociale
Le succès de Merci Raymond est tel que les maires s’impliquent dans le développement de ces jardins urbains. L’entreprise souhaite alors dupliquer ce modèle gagnant dans d’autres quartiers de Paris. Au-delà de redonner de l’espace à la nature dans des lieux purement urbains, le projet de Merci Raymond a également une dimension sociale. En effet, les habitants du quartier concerné s’impliquent directement dans la réalisation de ces jardins et potagers, ensemble.
Cela leur permet de se rencontrer, d’échanger, peu importe leur âge ou leur activité. Un lieu de proximité, où chacun joue un rôle pour faire vivre la nature. Cela permet ainsi d’améliorer le bien-vivre au sein des quartiers, et de réduire les incivilités. Afin d’impulser encore l’activité de Merci Raymond, Mathilde SCHIETTECATTE rejoint l’aventure en tant que quatrième associée, en tant qu’ingénieure agronome.
Depuis le début de leur aventure, les associés de Merci Raymond sont totalement indépendants. Ils n’ont aucun fonds d’investissement rattaché à eux, et pourtant, le résultat est au rendez-vous. Ainsi, en 2019, l’entreprise réalise un chiffre d’affaires de 1 million d’euros, et réitère en 2020, malgré le contexte économique et sanitaire délicat. Certains pôles ont été réadaptés pour mieux répondre aux attentes des clients finaux, avec un modèle permaculturel.
Merci Raymond possède donc un pôle design végétal, un pôle d’agriculture urbaine, ainsi qu’un pôle paysage, monté pendant le confinement.
Merci Raymond, une prise de conscience face à l’épidémie
Le développement de Merci Raymond a eu lieu en partie lors de la pandémie de COVID-19. Un développement qui tombe au meilleur moment pour les citadins. En effet, les confinements incitent à se reconnecter à la nature plus largement. Avec cette initiative, Hugo MEUNIER a pour objectif de décloisonner Paris. Un tel projet peut aussi bien intéresser les habitants de Paris que d’autres métropoles de France comme Bordeaux, Marseille ou Lille. Ainsi, Merci Raymond développe son offre sur des villes où les citadins ont aussi besoin d’avoir accès au vert.
Pour autant, il faut avoir de vraies connaissances pour créer un jardin végétal. Un jardin bien construit offre de nombreux bénéfices à tout le monde. Le jardin urbain présente un intérêt général, mais permet aussi de dépolluer l’air, offrant bien-être physique et psychique. Dans des villes comme Bordeaux, qui se transforment, chaque nouveau quartier a son jardin, son espace de verdure. Merci Raymond conçoit un jardin sur un modèle unique, pour répondre à chaque besoin des habitants, en tenant compte de l’environnement géographique. En effet, le climat à Bordeaux n’est pas le même qu’à Lille.
Construire un jardin, un projet complexe à mettre en place
Merci Raymond s’adapte selon les besoins de chaque client pour réaliser son jardin. En effet, aucun n’a la même taille, la même conception. L’objectif est de co-conceptualiser le jardin avec l’implication de tous les habitants qui participent au projet, ainsi que les jardiniers. D’autant plus que le jardin doit pouvoir vivre au minimum 5 à 10 ans, voire plus. Il faut donc avoir une vision à court et à long terme, pour que le jardin reste entretenu et vivant.
En termes de réalisation, un projet peut demander une semaine d’intervention, comme il peut demander plusieurs mois. Pour garantir son bon déroulement, Merci Raymond travaille avec les associations et entreprises locales. Pour les tarifs, pas non plus de prix fixes, de 2000€ à 500 000€ selon les besoins.
“Il n’y a pas de petit projet”
En dehors de Paris, Merci Raymond reçoit environ une cinquantaine de demandes pour chaque ville. Un résultat plus qu’encourageant qui montre à quel point le message est important pour les citadins. Des projets qui soutiennent aussi les restaurateurs, en difficulté depuis le début de la pandémie, avec des cadres de nature pour les terrasses.
Merci Raymond, une croissance fulgurante
L’entreprise s’est bien développée en suivant les différentes phases de développement, comptant aujourd’hui une trentaine de collaborateurs. Elle compte d’ailleurs continuer cette croissance, en recrutant cinq nouveaux talents en 2021. Paris n’est plus non plus la seule ville sur laquelle Merci Raymond se positionne. En effet, elle a des bureaux d’étude à Paris, Bordeaux, Marseille, Toulouse et Lille. Chaque ville a sa propre problématique.
A Bordeaux, il est par exemple question de la résilience alimentaire. Le besoin des citadins est alors une sensibilisation sur le potager, la saisonnalité des fruits et légumes. Ainsi, les projets sont soit ornementaux, soit comestibles sur le principe de la ferme urbaine. Il faut alors rechercher des espaces proches des villes pour récolter des légumes et financer le salaire d’un maraîcher. La première ferme urbaine de Merci Raymond se situe ainsi à 40 minutes de Paris.
A Toulouse, la problématique principale est la lutte contre les îlots de chaleur. Il faut donc planter plus d’arbres pour offrir des recoins plus frais et ombragés, qui manquent en ville. A Marseille, les citadins sont plus sensibles à la biodiversité… Depuis le début, l’objectif de Merci Raymond est d’offrir des solutions clés en main. Le tout, sans dépendre des collectivités. Il n’y a que peu de subventions disponibles, qui ne sont destinées qu’aux associations, ce qui n’est pas le cas de Merci Raymond.
Des ambitions à Bordeaux… et en Europe
Si l’on demande à Hugo MEUNIER quelles sont ses ambitions futures pour Merci Raymond, la conquête de villes d’Europe est une possibilité, un projet à long terme. Dans les capitales du Sud, comme Madrid, Lisbonne, ou encore Rome, la question de la canicule est centrale. Des capitales où des jardins urbains auraient un rôle à jouer.
Mais la première ambition de Merci Raymond est avant tout de valoriser ses projets. En montrant davantage le jardinier derrière le projet. Du point de vue financier, l’équipe espère aussi doubler son chiffre d’affaires en 2021, preuve d’un succès certain.
Se développer encore plus à Bordeaux fait aussi partie des ambitions de Merci Raymond. Il s’agit d’une ville dans un territoire agricole. La région est aussi particulièrement sensible à la question de la biodiversité, notamment avec les jeunes qui aiment le surf, et être au contact de la nature. Cet enjeu se retrouve aussi au centre de la vie bordelaise. En effet, il y a beaucoup d’aménagements mis en place pour valoriser la nature… Mais elle n’est pas toujours mise en avant pour autant.
Il y a de grands piliers qui font tourner l’économie bordelaise, comme le tourisme ou encore le vin. D’après Hugo MEUNIER, il est essentiel de créer plus d’activité économique, notamment avec la nature. Des espaces verts pour tous, afin de développer l’envie de remettre un peu de nature au coeur des villes… De manière durable, et ensemble.
Reconnectons les citadins à la nature – Notre vision, l’écosystème, Merci Raymond