Batistin et Ama, Galerie XYZ, la galerie d’art virtuelle pour réinventer le marché de l’art. Portrait

Batistin et Ama sont les cofondateurs de la Galerie XYZ. Artistes depuis de longues années, ils ont tous deux expérimenté la difficulté de se faire une place sur un marché de l’art très fermé et codifié. La Galerie XYZ vient se positionner en acteur nouveau pour bousculer à son échelle les codes de l’art et venir en aide aux artistes indépendants. Ainsi, dès son format, elle ne fait rien comme les autres, puisqu’elle n’existe qu’en ligne. Un concept original qui remet l’artiste au cœur de la démarche de commercialisation, pour lui redonner le pouvoir sur son art.

Avant la Galerie XYZ, la naissance de Batistin et Ama

Batistin n’est autre que le nom d’artiste d’Eric CAMINADE, président de l’association artistique CHEZ XYZ, créateur de la Galerie XYZ. Né à Agen, Batistin a été marin pêcheur professionnel. Inscrit à la Marine Marchande, à Saint-Jean de Luz dans le Pays-Basque, il travaille cinq années durant, sur des petites unités de pêche, des bateaux traditionnels, pendant les années 90. Il est alors déjà artiste peintre. Exerçant son art depuis 30 ans, Eric CAMINADE vit à ce jour de son travail. Se refusant à passer par des intermédiaires, trop coûteux alors que peu investis, il commercialise ses œuvres directement auprès d’entreprises, de particuliers, ou par internet. Outre la peinture, Batistin est également sculpteur sur bois et écrivain. Il est l’auteur d’articles engagés, de poèmes, ou encore du livre La mère partie.

De son côté Ama, de son vrai nom Patricia KOHN, est artiste depuis près d’une dizaine d’années. Il y a 9 ans, elle rencontre Eric dans le centre de la France, par hasard. À cette époque, Ama dirige son propre restaurant et vit donc une vie bien différente de celle de l’artiste d’aujourd’hui. La rencontre avec Batistin est un déclic, une révélation. Elle laisse enfin s’exprimer une appétence artiste jamais explorée et change de vie pour devenir sculptrice sur métal.

Ama se retrouve alors confrontée aux mêmes problématiques que bon nombre d’artistes.

C’était vraiment très compliqué pour vendre. Pour moi, c’était tout nouveau. Quand on est restaurateur, les gens qui poussent la porte viennent pour consommer. La clientèle est acquise. Quand on est artiste, les gens abordent l’activité de façon différente. Ils visitent, sont curieux, mais ne viennent pas forcément acheter. Il faut parler de soi, répondre à leurs questions, parfois un peu intrusives. Je n’étais vraiment pas habituée à cette manière de faire.

Patricia KOHN, dite Ama, co-fondatrice de la Galerie XYZ
la paix dans le monde
Batistin et son tableau « La paix dans le monde »

Sus aux intermédiaires, place à l’art du producteur au consommateur

Pour vivre de son art, Ama s’ouvre aux us et coutumes du marché de l’art. Elle parle désormais assez facilement avec les gens, y compris par internet.

Pour toucher une clientèle plus élargie, j’ai cherché à recréer la relation physique via le digital. C’est le seul moyen de faire des ventes auprès de clients qui ne sont pas à proximité, et sans passer par des intermédiaires.

Patricia KOHN, dite Ama

Pour autant, Batistin et elle, tout comme la plupart des artistes, sont constamment sollicités par des entreprises comme des galeries ou des exposants d’art. Lesquels annoncent pouvoir présenter leur travail, moyennant finances. D’expérience, peu de ces sollicitations portent leurs fruits, les entreprises n’assurant ensuite que peu ou pas de suivi. Ces expériences malheureuses entraînent alors un ras-le-bol chez les deux artistes. 

Le circuit court, qui valorise la relation directe entre le producteur et le consommateur, a le vent en poupe. Les Français plébiscitent cette nouvelle façon d’acheter, plus éthique et avantageuse pour tous. Mais que devient l’art dans tout ça ? Pourquoi dans ce nouveau monde, voulu par tous les partisans d’une vie meilleure, l’artiste peine encore à trouver sa place ?

Eric CAMINADE, dit Batistin, cofondateur de la Galerie XYZ

Ensemble, Eric CAMINADE et Patricia KOHN lancent la Galerie XYZ. Ils proposent alors de découvrir, après le panier paysan, le Panier Culturel.

La Galerie XYZ, plateforme d’expression et de visibilité pour les artistes

Avec la Galerie XYZ, Batistin et Ama cherchent à faire en sorte que les artistes retrouvent leur place dans la société, comme le boulanger ou n’importe quel commerçant. Ils développent alors une solution pour permettre aux artistes de communiquer sur leur travail, en circuit court, adapté au milieu de l’art. L’objectif : promouvoir les artistes et le développement d’un investissement raisonné et sensible.

La Galerie XYZ se présente alors sous forme d’un site internet vitrine, offrant aux artistes la possibilité de bénéficier d’une galerie d’art virtuelle. Ainsi, chacun gère sa propre galerie. Les artistes disposent de leur propre nom de domaine, ne sont pas restreints dans la quantité d’œuvres exposées et profitent de l’accompagnement de l’association. Dans le cadre de la Galerie XYZ, Ama se charge notamment de l’animation des réseaux sociaux et de la relation avec les artistes.

ama batistin artistes cofondateurs galerie xyz
Ama et Batistin, cofondateurs de la Galerie XYZ

Je les aide à comprendre l’association et à comprendre le monde de l’art. En réalité, les artistes font souvent une totale confusion entre marché de l’art et démarche artistique. Ils sont de même régulièrement peu au fait de la manière de fonctionner sur les réseaux sociaux.

Patricia KOHN, dite Ama, co-fondatrice de la Galerie XYZ

Outre une visibilité sur la plateforme et sur les réseaux sociaux, les artistes sont également mis en relation avec des partenaires. Parmi lesquels des organismes distributeurs de prix, l’éditeur du dictionnaire de cotation, ou encore un imprimeur d’art numérique…

Certaines fonctionnalités de la galerie virtuelle XYZ sont en accès libre. Après avoir créé son compte, un artiste peut alors accéder aux catégories “exposition” et “concours” notamment. Il dispose également de la possibilité d’alimenter son propre blog pour écrire des articles et travailler son référencement sur les moteurs de recherche.

Les artistes dans notre situation sont très nombreux. Certains ont commencé à vouloir nous rejoindre dans notre démarche, donc on a décidé de monter l’association pour pouvoir la proposer à toutes les artistes de France, voire du monde, pour les aider à présenter leur art, le vendre.

Des partenaires de choix qui contribuent à la valeur de la galerie virtuelle

Tout le concept de la Galerie XYZ repose sur des échanges bienveillants et respectueux des artistes. L’association développe donc des partenariats avec des entreprises pour faciliter la vente des œuvres d’arts des artistes adhérents.

Elle travaille notamment avec l’organisme COLLECTIONISM, organisme spécialisé dans la vente d’œuvres d’art en leasing. Si le concept du leasing est connu, il reste à ce jour peu répandu auprès des artistes. Avec cette banque, un acheteur peut passer par le leasing pour se procurer une œuvre d’art. C’est notamment très intéressant pour une entreprise, car le montant des échéances mensuelles peut passer en frais généraux pour la comptabilité. C’est donc alors déductible du montant imposable.

La Galerie XYZ collabore également avec le reproducteur “Impression d’images”. Dans le cadre de son partenariat avec la galerie virtuelle, les artistes bénéficient d’une offre adaptée à leur échelle. Ainsi, lorsqu’ils réalisent une vente, ils règlent l’imprimeur qui imprime à l’unité et à la demande, plutôt qu’en lot.

Autre partenaire de choix, le Dictionnaire Akoun, dictionnaire de cotation d’art. Ainsi, l’association prend en charge 30 % des frais de cotation pour être dans le dictionnaire.

La galerie XYZ tisse également des liens avec des partenaires qui offrent leurs services ou les rendent accessibles à prix réduits. Le magazine d’art, Art et design, offre une page de visibilité ou une exposition lors des concours. Visimuz, éditeur de livres d’art numériques, propose aux artistes d’étoffer leur bibliothèque d’ouvrage à des prix très abordables. Ou encore le Musée des Beaux-Arts de Bordeaux, qui met à disposition des artistes des entrées au musée.

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Sculptures sur métal de l’artiste Ama, confondatrice de la Galerie XYZ

La Galerie XYZ, un équilibre économique sur fond de solidarité

Pensée sous forme d’association, la Galerie XYZ est ouverte aux artistes qui y adhèrent. Soucieux de proposer une solution abordable pour tous, bien loin des galeries traditionnelles, Batistin et Ama ont volontairement opté pour une cotisation dérisoire. Les artistes adhérents accèdent alors à la galerie pour une cotisation annuelle de 30 €.

Beaucoup d’artistes sont vraiment très justes financièrement. Il n’était pour autant pas question de faire de la gratuité. Autant pour donner un minimum de crédibilité à la galerie, que par respect pour le projet et notre travail.

Avec cette démarche, les deux cofondateurs ne cherchent bien entendu pas à faire des bénéfices mais à couvrir les frais occasionnés par l’activité du site. Noms de domaine, cartes de visite des artistes, affiches, prestataire pour la maintenance du site…

galerie xyz panier culturel virtuel
Galerie XYZ, le panier culturel sous forme de galerie d’art virtuelle

Pour compléter le chiffre d’affaires des cotisations, la Galerie.XYZ propose également à des entreprises de participer sous forme de mécénat. Ainsi, en contrepartie d’un don de 120 euros/an, elles bénéficient d’un affichage publicitaire sur le site internet. Cherchant à regrouper les entreprises et les artistes, la galerie permet aux entreprises de soutenir l’artiste de leur choix.

Aussi, contrairement aux galeries d’art, la Galerie XYZ ne prend pas de commission sur les ventes. Elle se veut un vecteur de visibilité pour les artistes, mais aucunement un intermédiaire. Aussi ne propose-t-elle pas la vente des œuvres d’art via le site internet. Un bouton “acheter” est bien disponible mais il génère un mail de mise en relation entre l’acheteur potentiel et l’artiste.

Proposer un système de marketplace, avec la vente en ligne, poserait différents soucis. Le principal est que cela coûterait beaucoup plus cher à mettre en place et à maintenir. En conséquence, nous serions obligés de facturer plus cher la cotisation, ce qui va à l’encontre du concept.

Donner de l’écho à l’initiative, juste ce qu’il faut de culot

Grâce au concept de la galerie virtuelle, l’association a pu poursuivre son activité malgré la Covid-19. Ama explique qu’elles ne subissent pas la fermeture des espaces d’exposition comme les galeries d’art traditionnelles. Au contraire, comme la plateforme est faite pour faciliter la prise de contact en ligne, elle note une augmentation des échanges.

Pour poursuivre son développement et continuer de proposer de nouvelles solutions de commercialisation, la Galerie XYZ n’hésite pas à se diriger hors des sentiers battus. Ainsi Batistin et Ama travaillent désormais à la tokenisation d’œuvres d’art. Un marché très récent, encore confidentiel, mais déjà en pleine expansion. Lequel consiste à acheter des œuvres d’art ou des parties d’œuvre d’art avec de la monnaie virtuelle (Ethereum).

Par ce biais, les acheteurs ne possèdent donc pas forcément la totalité de l’œuvre, mais ouvrent le marché de l’art à une forme d’actionnariat. La démarche est alors moins tournée vers les amateurs d’art, que pour les investisseurs. Une logique de spéculation sur la valeur de l’œuvre et de l’artiste, dans un objectif de revente et de plus-value.

Pour étendre son rayonnement et concerner les artistes partout en France, Batistin et Ama tissent des liens avec des partenaires partout en France. Récemment, ils ont commencé à se tourner vers la région bordelaise avec un premier contact pour partenariat : le musée des beaux-arts de Bordeaux.

“Quand on cherche une entreprise partenaire, outre celles sur le site, on cherche avant tout des partenaires régionaux pour les artistes locaux. C’est une initiative assez récente, on a donc encore beaucoup à faire en la matière”.

Installation sur la région bordelaise, l’occasion d’un changement d’échelle

Actuellement, Eric et Patricia vivent dans les Alpes. Une installation qui avait pour but de rapprocher Ama de sa famille, mais qui pose des difficultés conséquentes au quotidien, tant pour la galerie XYZ que pour leur vie personnelle.

Aujourd’hui, on a une heure de route de montagne pour le moindre déplacement. La première ville se trouve à 50 km. C’est très joli et paisible, mais pour la vie de tous les jours, c’est extrêmement contraignant. On a envie de bouger pour l’énergie en Nouvelle-Aquitaine. C’est beaucoup plus simple de se déplacer et c’est un cadre qui nous fait envie.

Un déménagement prochain en Nouvelle-Aquitaine est donc à prévoir. Une rupture nette avec leur mode de vie actuel, mais un retour aux sources, notamment pour Eric CAMINADE, originaire d’Agen. 

De mon côté, j’ai déjà eu l’occasion de faire une petite incursion de trois mois sur le Bassin d’Arcachon et Bordeaux. J’ai eu le coup de cœur pour cette région et j’ai hâte de m’y installer.

Patricia KOHN, dite Ama

En complément, s’installer dans une région plus facile d’accès devrait faciliter le développement de la Galerie XYZ. Ama et Batistin envisagent ainsi de faire des expositions réelles avec les artistes adhérents locaux pour créer un lieu de contact réel. Une expérience déjà testée dans les Alpes avec une exposition au bénéfice d’un refuge pour animaux. Pour chaque vente d’œuvre d’art, un pourcentage était alors reversé pour les animaux.

Pour cultiver la différence avec les galeries d’art et salles d’exposition traditionnelles, la Galerie XYZ devrait continuer de prendre possession de lieux improbables. L’occasion de valoriser encore plus l’image de marque des entreprises partenaires, en les humanisant et en les associant à des artistes.

https://www.artgalerie.xyz/

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