Le métier d’orthoptiste n’est pas encore aussi connu que le métier d’ophtalmologiste… Pourtant, il semble prêt à véritablement faire sa place dans la connaissance générale des métiers de la santé. Prendre soin de sa vue est un atout indispensable pour vivre dans de bonnes conditions, notamment dans la sphère professionnelle.
Les évolutions démographiques influent aussi sur l’état de la vision des personnes, tout comme d’autres facteurs. Aussi, les professionnels de la santé sont de plus en plus sollicités pour prévenir, soigner et prendre en charge les problèmes rencontrés par les Français. Si les orthoptistes interviennent généralement aux côtés des ophtalmologistes, ils prennent de plus en plus d’indépendance pour accompagner leurs patients.
Orthoptiste, une activité complémentaire et indispensable pour la vue
La vue est l’un des sens les plus utiles au quotidien. Elle aide à se repérer dans l’espace, et à réaliser de nombreuses tâches au quotidien. Toutefois, certaines personnes souffrent d’une altération de leur vision. Myopie, presbytie, ou encore hypermétropie sont des affections “communes” qui altèrent la vision de près ou de loin. Les orthoptistes se positionnent alors, en complément des ophtalmologistes, comme des professionnels en capacité de leur apporter une solution durable.
Les orthoptistes sont présents sur l’ensemble du territoire, mais il y a d’énormes disparités selon les régions et les zones géographiques. En effet, en Île de France, il y a 1090 orthoptistes (soit 665 libéraux, 210 salariés hospitaliers et 215 autres salariés). Sur l’ensemble de la région Centre Val de Loire, il n’y plus que 110 orthoptistes, et le chiffre est encore plus bas dans les départements de la Creuse, Indre et Lozère avec 3 orthoptistes. Pire encore, il n’y aucun orthoptiste sur les îles de Wallis et Futuna ou à Saint-Pierre et Miquelon.
Dans ce contexte, comment favoriser la venue et l’installation de professionnels dans les zones les moins occupées, mais là où le besoin reste important ? Il existe des solutions, mais elles représentent le plus souvent un important investissement. Dans les zones rurales, considérées comme des déserts médicaux, les premiers professionnels de santé disponibles se trouvent à plusieurs dizaines de kilomètres, parfois encore plus loin. Attirer devient alors une nécessité, pour assurer à tous des soins de proximité. Trouver un emploi d’orthoptiste dans ces zones soulagerait ainsi la population locale.
D’autant plus que pour les professionnels comme les ophtalmologistes ou les orthoptistes ne peuvent pas effectuer de contrôles à distance, avec les plateformes de consultation vidéo. En effet, analyser la vue d’une personne ne peut se faire sans outils, et encore moins à distance. Malgré le contexte sanitaire très particulier, il faut donc réussir à attirer, créer des postes et des cabinets pour ces praticiens.
Une évolution des habitudes qui entraîne la hausse des besoins
Certains praticiens sont plus sollicités à certaines périodes de la vie, ou lorsque les évolutions démographiques sont plus importantes et touchent la santé des Français. Ces dernières années, ce constat est important à de nombreux niveaux. Tout d’abord, la population française est vieillissante. En effet, les prévisions indiquent que la part des 75-84 ans enregistrera une croissance de 49% entre 2020 et 2030… Soit une part de la population passant de 4,4 millions d’individus à 6,1 millions. Les Seniors de demain sont l’ensemble des Baby Boomers, nés à la fin de la Seconde Guerre Mondiale.
Ces personnes, en vieillissant, ont pour la plupart des problèmes de santé liés à l’âge, notamment au niveau de la vue. La dégénérescence maculaire liée à l’âge, aussi appelée DMLA, en fait partie. Il existe de nombreuses maladies de l’œil, dont la majorité arrive après 50 ans, et affectent la vie quotidienne des personnes qui en sont atteintes. Aussi, avoir un professionnel de santé comme un ophtalmologiste ou un orthoptiste à proximité permet de réagir rapidement avant que le problème soit irréversible.
Mais les problèmes de vue ne sont pas seulement liés à l’âge. La prédominance des écrans dans la vie quotidienne affecte également la qualité de la vue. Les smartphones font partie du quotidien, car plus de 75% de la population en possède au moins un. Pour la sphère privée ou professionnelle, il est indispensable, et touche sur le long terme la vue. Les orthoptistes et les ophtalmologistes émettent d’ailleurs de nombreuses recommandations quant à la durée d’utilisation quotidienne de son smartphone.

Autre phénomène d’actualité, l’accentuation du télétravail. Pour la population active, mais aussi pour les étudiants, s’adapter à la pandémie dans le cadre des études ou du travail impacte le quotidien. Un quotidien qui se résume à un outil : l’ordinateur.
L’utilisation intensive de l’ordinateur et la sédentarité inquiète les orthoptistes
Avec le déploiement du télétravail, les Français s’adaptent face à la pandémie. Une adaptation indispensable, mais lourde de conséquences. Qui dit télétravail dit aussi travail sur ordinateur, sur les durées habituelles d’activité. Le cadre de travail est différent, et l’exposition prolongée face aux écrans accentue la fatigue oculaire. Pour lutter contre cette fatigue, et protéger ses yeux de la lumière bleue, les ophtalmologistes et les orthoptistes incitent plus que jamais la population à porter des lunettes anti lumière bleue. Ce sont des lunettes avec ou sans correction selon la vue, qui empêchent la lumière bleue de l’écran de toucher directement les yeux.
Les professionnels alertent notamment sur plusieurs facteurs et symptômes liés à la surexposition aux écrans sans protection adéquate. Outre la fatigue oculaire bien plus rapide durant la journée, l’exposition aux écrans provoquent parfois de fortes migraines. Des maux de tête particulièrement handicapants, empêchant toute concentration dans le travail. Mais cette exposition, notamment prolongée ou en fin de journée, impacte aussi la qualité du sommeil. Ne pas dormir suffisamment a aussi des conséquences sur l’état de santé général, et se ressent dans la durée.
L’orthoptiste apporte alors un accompagnement durable pour les personnes qui se trouvent dans ces différents cas de figure. Mais il se place aussi en prévention, notamment avec les tests d’acuité, pour voir comment évolue la vue. Ce qui permet de prendre en compte suffisamment vite les affections qui surviennent au cours de la vie. Ce métier qui prend de l’ampleur doit aussi trouver ses marques pour intervenir durablement et compléter d’autres métiers autour de la vue, comme celui de l’ophtalmologue.
Il existe aussi plusieurs pistes pour qu’un orthoptiste puisse exercer son activité, dans un cabinet propre, ou avec d’autres praticiens pour centraliser toutes les spécialités dans un seul lieu. L’objectif étant de répondre à tous les besoins sur l’ensemble du territoire.
Ouvrir son cabinet d’orthoptiste, ou rejoindre un groupe ophtalmologique
Pour exercer son activité, l’orthoptiste a plusieurs solutions. Il peut, comme un médecin traditionnel, ouvrir son propre cabinet et être le seul à y exercer. Toutefois, si une consultation sort de son champ de compétence, l’orthoptiste sera forcé de rediriger son patient vers un praticien spécialisé. Dans le cadre de déserts médicaux, cette possibilité présente des limites. En effet, lorsque le patient est un Senior qui ne peut se déplacer loin, ou une personne en situation de handicap visuel, rassembler plusieurs spécialités dans un même lieu facilite les déplacements et les consultations.
Dans cet objectif, les spécialistes de la vue ont décidé de créer des groupes ophtalmologiques. Ce sont de grands plateaux où exercent plusieurs praticiens, spécialisés dans les problèmes de la vue. Orthoptistes, ophtalmologues, et même chirurgiens réalisent toutes les consultations dans ces grands cabinets. Un seul lieu, plusieurs spécialistes, et la garantie d’obtenir un rendez-vous plus rapidement pour les patients.

Ces grands plateaux sont équipés de matériel de pointe. Cela permet aux patients de ne pas avoir besoin de se déplacer ailleurs pour un examen ou une intervention. Dans ce cadre, l’orthoptiste répond à plusieurs missions. Car dès le plus jeune âge, prendre soin de sa vue est indispensable. En effet, si un problème de vue est détecté, l’orthoptiste sera alors en capacité d’évaluer l’importance de l’affection et prescrire un traitement adapté.
De telles infrastructures se développent sur l’ensemble du territoire national. Même s’il reste des zones où le besoin n’est pas encore comblé, le déploiement des professionnels de santé continue.
Un rôle de plus en plus central
L’orthoptiste assure de plus en plus de soins en complément des ophtalmologues. Il est en capacité de réaliser tous les tests et examens pour faire le point sur la vue du patient avant de le rediriger vers l’ophtalmologue. Et depuis peu, il prescrit les lunettes et les lentilles, ce qui permet d’avoir un traitement bien plus rapidement qu’en attendant un rendez-vous avec un ophtalmologue.
L’inconvénient des médecins spécialistes est en effet la durée d’attente pour avoir un rendez-vous. De plus, face au départ à la retraite des spécialistes et à la raréfaction des nouveaux diplômés, notamment dans les régions moins densément peuplées… Les orthoptistes ont un rôle essentiel à jouer : devenir les accompagnateurs des personnes qui n’ont pas accès à un rendez-vous avec un ophtalmologue.
Répondre à un maximum de besoins rapidement est ainsi un objectif des professionnels de santé. Car la population se préoccupe de plus en plus largement de son état de santé. Avec tous les facteurs actuels impactant la bonne santé visuelle, prévenir est une priorité.
Sources :
- “Vieillissement de la population : une adaptation nécessaire” Article Santé Publique, publié le 3 juin 2021
- “Lunettes anti-lumière bleue : protégez vos yeux des risques des écrans” Générale d’Optique
- “Quelques chiffres sur la profession d’orthoptiste” Orthoptistes.net
- “Troubles de la vision : sept adultes sur dix portent des lunettes” Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques, article mis à jour le 21 décembre 2020
- “Quelques chiffres sur la déficience visuelle” Fédération des Aveugles de France