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La mutation stratégique de la sidérurgie

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La sidérurgie est un secteur d’activité qui est important sur le territoire français. Plus qu’une simple évolution, on assiste depuis quelques années à une véritable mutation stratégique de la sidérurgie. La production s’est industrialisée, permettant de réaliser des pièces identiques en quantités importantes, pour réaliser des assemblages de pointe. Bien loin du secteur traditionnel auquel elle était rattachée, la sidérurgie est désormais une industrie technologique à part entière. Elle représente notamment la construction navale ou automobile, dans lesquelles la France excelle.

Le secteur de la sidérurgie marque au fer l’industrie française

La sidérurgie représente la production de la fonte, du fer et de l’acier, trois matériaux très utilisés dans la construction de pointe. La construction de pièces à destination des secteurs automobile, aéronautique, ou encore naval font la réputation de la France. En effet, de grands acteurs tricolores dirigent le marché, tels qu’ArcelorMittal, premier producteur d’acier mondial. L’entreprise, qui compte 200 000 salariés dans le monde, dirige aujourd’hui trois grands sites de production à Dunkerque, Fos sur Mer et Floranges. Selon l’observatoire de la Métallurgie, la sidérurgie comptait en 2017 38 085 salariés répartis en France. La concentration d’emplois est alors particulièrement représentée dans le Nord de la France et dans l’Est du pays. En effet, la région des Hauts de France emploie près de 11 467 salariés dans 59 établissements, ce qui représente 30% des effectifs nationaux. 

Le secteur a toutefois connu une diminution de son offre d’emplois en presque 10 ans. En effet, en 2008, la sidérurgie employait 48 098 personnes, contre 38 085 personnes en 2017. Ce qui représente 10 000 emplois supprimés. Le nombre d’établissements quant à lui a évolué durant cette période, pour atteindre 422 établissements en 2017. Bien que la pression concurrentielle à l’étranger soit de plus en plus forte, la sidérurgie française a tout de même de bons atouts. A commencer par les résultats encourageants de la filière, en termes de chiffre d’affaires. En effet, même si la baisse du nombre d’emplois a provoqué une baisse de l’offre, le prix des matériaux et des pièces à la vente a augmenté. Ce phénomène a permis de conserver un certain équilibre, et même un bénéfice. 

La sidérurgie tricolore menacée face au désamour des Français ? 

En octobre 2019, le Sénat organisait un débat axé autour de l’avenir et de la mutation de la sidérurgie. Ce débat avait pour objectif de pouvoir accompagner la mutation stratégique de ce secteur, pour lui permettre de garder son niveau. En effet, la France et l’Union Européenne sont confrontées à la concurrence asiatique, laquelle représente une part importante du marché. La part de budget investie dans la recherche et le développement est très important en Asie, de 4% à 5%. A titre de comparaison, le budget alloué par ArcelorMittal n’est que de 0,35% à 0,4%. La faible part de budget peut s’expliquer par plusieurs facteurs concernant les outils de production. En effet, pour produire plus, une modernisation des outils de production est nécessaire. Mais ces outils, vieillissants, demandent des investissements importants. 

D’autre part, investir pour la recherche est risqué, car très coûteux, notamment pour une industrie n’ayant que peu de ressources. En effet, les entreprises sidérurgiques s’appuient sur des financements privés pour poursuivre leur activité. De plus, le secteur emploie des salariés en poste depuis longtemps, connaissant ainsi un turnover assez faible. Mais l’âge avançant d’une grande partie des travailleurs du secteur va avoir de l’impact : le départ en retraite. Victime d’un désintérêt de la part des Français, la sidérurgie pourrait avoir des difficultés renouveler ses équipes, avec moins de profils techniques qu’avant. En revanche, confier des emplois à des salariés récemment diplômés pourrait aussi avoir un effet bénéfique. Ils bénéficient d’un enseignement plus moderne et actuel, maîtrisant ainsi de nouveaux process et techniques de production. Il se pourrait donc qu’en recrutant ces profils, la productivité soit accrue, en phase avec la mutation espérée du secteur. 

La situation en Nouvelle-Aquitaine dans un environnement en mutation

La sidérurgie est principalement positionnée dans le Nord et l’Est de la France, et a sa place sur le marché mondial, avec ses grands groupes. La Nouvelle-Aquitaine, quant à elle, est moins en avant sur ce secteur, mais reste quand même présente. Elle compte 1337 salariés et 28 établissements sur son territoire. A Bordeaux, il existe des entreprises spécialisées dans la sidérurgie, tels que L’Étoile, située à côté du Pont d’Aquitaine. Cette entreprise, implantée depuis plus de 30 ans, s’insère parfaitement dans la dynamique de la ville. En effet, elle propose des matériaux à destination du bâtiment, de l’aéronautique, de la défense ou encore de l’armement. Un positionnement stratégiquement judicieux, lorsque l’on sait que l’aéronautique est le fleuron du Sud-Ouest, au même titre que la défense et l’armement. Le secteur du bâtiment n’est pas en reste, notamment à Bordeaux qui connaît un fort développement.

Le développement notable des quartiers d’affaires avec la construction de bâtiments plus verts et écologiques est un pas important dans la mutation de la ville. Mutation qui va de pair avec l’évolution de la sidérurgie locale, appliquée à répondre aux besoins stratégiques. Transition écologique et évolution stratégique de la sidérurgie ne sont pas en contradictions, mais peuvent être complémentaires. Cette dernière est qualifiée à raison de secteur d’avenir, permettant d’impulser tous les secteurs qui constituent les fleurons français.

Malgré l’apparent désintérêt de la sidérurgie pour les Français, ce secteur méconnu est plus que promis à un avenir important. Toutefois, le développement des méthodes, et le renouvellement des effectifs permettrait de dépoussiérer l’image trop classique de ce secteur. En définitive, lui permettre d’occuper sa place au coeur de nos industries, et de briller par delà l’Europe. Une mutation stratégique, ancrée dans l’avenir…

Sources :

RAPPORT D’INFORMATION – Sénat, 9 juillet 2019

Letoile

La sidérurgie en France – Observatoire de la Métallurgie, 8 mars 2019

Industrie métallurgique – France Industries Pro 

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