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La grève de l’incandescence

Je suis économiste et il est de mon devoir d’interpeller l’opinion et d’en appeler à la conscience de ceux qui entraînent notre actualité dans un épisode qui s’avère dangereux pour tous. « La grève de trop – la grève de l’incandescence »

Je suis frappé par la violence exercée par une noblesse salariale contre les sans-culottes. Il est question d’une prise en otage par 150 000 « privilégiés » du travail. L’intention est de bloquer l’économie par le biais de l’énergie essence dans un rapport de force pour le maintien des privilèges. Si nécessaire ce dossier pourra être rouvert, aujourd’hui nous avons une autre urgence.

Le 1er février 1954, l’Abbé Pierre lançait un appel déchirant appelant à l’insurrection de la bonté. « Ceux qui ont pris tout le plat dans leur assiette, laissant les assiettes des autres vides, et qui ayant tout disent avec une bonne figure « Nous qui avons tout, nous sommes pour la paix ! », je sais ce que je dois leur crier à ceux-là : les premiers violents, les provocateurs, c’est vous ! ».

Mais il nous faut prendre de la hauteur dans cette période très tourmentée. Nous avons besoin d’espoir, de paix, de bienveillance. Nous qui avons peut-être de quoi nous sentir à l’abri, nous sommes appelés par notre conscience à nous soucier de notre classe moyenne prise en otage, nous ne pouvons pas ignorer ceux qui souffrent de l’insécurité économique.

Oui, c’est compliqué, oui, nous sommes fatigués, oui nous voulons retrouver notre joie de vivre. Mais elle ne passera pas sans un partage bienveillant et soucieux de l’autre. Gardons notre cap d’humanité et soyons au service les uns des autres.

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Soixante-six ans plus tard, les menottes de l’incertitude économique, les chaînes du déclassement, la guerre, sont des problèmes préoccupants pour la vie des Français. Soixante-huit ans plus tard, la moitié des Français vivent sur un îlot de crainte du lendemain au milieu d’un vaste océan de prospérité matérielle. Soixante-six ans plus tard, 50 % des Français vivent avec moins de 1.800 euros par mois alors que le salaire net moyen des employés d’une raffinerie est de 2.250 euros environ (3.000 euros brut). Le salaire médian pour les emplois raffinage en France est € 24 132 par an ou € 13.26 par heure. Les postes de niveau débutant commencent avec un salaire environnant € 22 152 par an, tandis que les travailleurs les plus expérimentés gagnent jusqu’à € 25 841 par an.

Ce sont les raisons qui me poussent à mettre face à face une condition humaine honteuse pour notre pays et une grève indécente et incandescente de privilégiés qui ont du travail dans une industrie à grand profit en raison de la guerre. Les syndicats doivent assumer la responsabilité d’une nouvelle crise sociale. Et cette fois-ci peut être la plus incandescente. Il est d’actualité de faire fi des problèmes d’ego ou d’un besoin personnel de surprotection sociale. Il leur faudra répondre aux entreprises qui sombreront, il leur faudra répondre aux femmes et aux hommes licenciés, il leur faudra justifier en toute conscience les fondements de leurs revendications. Il leur faudra répondre de l’étincelle et du feu social qu’ils initient.

Il est de mon devoir d’en appeler à la conscience

Les conséquences sont un risque majeur d’un embrasement social incontrôlable, d’un usage d’une guerre qui tue pour un enrichissement personnel sur le dos d’une société otage, un blocage net du pare feux des prix mis en place par l’Etat et surtout une mise en faillite de PMEs et PMIs fragilisées.

On peut même se poser la question d’une volonté de fin de démocratie en France !

Les « raffineux » ont un devoir vis à vis de la population. On ne peut entendre l’argument qu’ils pourraient avancer : « provisions insuffisantes pour raison de sauvegarde de mes intérêts personnels ». Ils ont une obligation sacrée, ils ont un devoir à l’égard des autres citoyens. L’opportunité du bazar ambiant ne sera pas une raison retenue.

Ce n’est pas le moment de laisser tiédir notre volonté commune de solidarité sociale. Nous ne voulons pas des tranquillisants, des demi-mesures. Les promesses de la démocratie doivent être tenues.

Et si on faisait grève ? Une grève de la guerre. Une grève du cynisme. Une grève du mensonge économique. Une grève de la connerie sociale.

Il est l’heure d’arracher notre nation des sables mouvants de l’injustice des « raffineux » qui jouent avec le feu de nos vies et d’apporter un soutien résolu à chaque laissé pour compte. Il est l’heure de bâtir sur le roc de la fraternité. Il est l’heure de faire, en ces temps de crise majeure, de la justice, de l’égalité des chances une réalité pour chaque enfant de France. Il serait fatal pour la nation de fermer les yeux sur l’urgence. Je revendique, un automne, un hiver, un avenir de liberté, d’égalité et de fraternité.

Jean-Luc Ginder

Economiste

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