Patrice ROSIER et Lilian MAROLLEAU ont fondé le groupe PRDML, Reflet du Monde en s’appuyant avant sur une passion commune : celle des drones. Cette passion, nourrie depuis toujours, s’inscrit sur un marché qui, à cette époque, n’existait pas encore, sans les réglementations que nous connaissons aujourd’hui. Nul doute : le drone a su prendre sa place dans l’univers professionnel, et continue son ascension.
Une passion dévorante pour l’aéronautique
Patrice Rosier a grandi dans la région Centre, et s’est découvert une passion pour les aéronefs et l’aéromodélisme dès l’âge de 11 ans. Depuis, il n’a cessé de s’intéresser à ce milieu, avec la ferme intention d’en faire son métier. Il a donc commencé à être formé par le Club Bourges Aérospatial Modèles, et son envie de poursuivre dans cette voie n’a fait que se renforcer.
Au fil du temps, son choix de carrière a évolué. De l’aéromodélisme, Patrice Rosier décide de se tourner vers l’ingénierie aéronautique, et quitte son Centre natal pour rejoindre Bordeaux. La métropole est en effet un vivier d’entreprises spécialisées dans l’aéronautique et l’aérospatial. Il commence alors une formation au sein de l’Institut de Maintenance Aéronautique, situé à Mérignac.

Plus le temps passait, et plus sa passion de départ reprenait du terrain. L’envie de se recentrer sur l’aéromodélisme, sur les drones. A cette époque, le concept de drone n’était pas encore répandu, et il sentait le besoin de redessiner son parcours en conséquence. Il intègre alors l’IUT de Bourges, et apprend les mesures physiques. Son objectif ? Associer ses compétences “loisir” en aéromodélisme avec les notions de mesures physiques apprises à l’IUT.
Arrivée à Bordeaux, des projets déjà concrets en tête
Patrice Rosier s’installe à Bordeaux pour ses études, avec des projets déjà bien réfléchis sous le bras, et se rend à l’Université de Bordeaux. Là bas, il fait la connaissance de François Baffou, Directeur de Bordeaux Technowest, toujours en poste aujourd’hui. Nous sommes alors en 2004, et Patrice présente un catalogue d’applications du drone pour plusieurs secteurs. Le marché est encore jeune, il n’y a pas d’acteurs majeurs. Face à la portée de son projet, le Directeur de Technowest propose à Patrice de créer son entreprise rapidement… Mais ce dernier souhaite d’abord finir ses études, se concentrer sur cet aspect avant de penser à monter une entreprise.
“Se lancer dans la création de sa propre entreprise est une immense prise de risque, notamment lorsque le marché est très jeune ou inexistant.”
Le marché n’existe pas, mais le succès commence à faire son chemin. En effet, Patrice remporte la médaille d’Or au Concours Lépine de 2004 avec l’un de ses prototypes de drones. Une prestigieuse distinction symbole de la portée de ses inventions. Après ce prix, il décide de monter son projet à son rythme, à côté de ses études. Un plaisir, mais jamais une corvée, dont il parle avec bonheur et émotion.
Il commence alors à présenter son projet, et réalise même une démonstration de vol de drone au Château Laffitte. Alors que le drone n’est toujours pas connu, Patrice se lance alors dans un sujet de fin d’études sur le pilote automatique pour drone. Puis il s’interroge : doit-il se lancer à son compte sur un marché jeune, avec une réglementation inexistante ?
Une expérience professionnelle aérospatiale décisive
Finalement, Patrice décide de patienter avant de concrétiser son projet, et rejoint l’entreprise Novespace, où travaillent de célèbres astronautes. Il participe même à la formation de Thomas Pesquet, et met en place les premiers vols en apesanteur pour le grand public.
Durant les 8 années où il restera salarié, ses projets resteront dans les tiroirs, mais son activité lui apporte énormément. Il met de l’argent de côté grâce à son poste, fait des rencontres et apprend. Son expérience acquise au sein de Novespace lui sert d’ailleurs encore au quotidien dans la gestion de son entreprise.
Pendant ce temps, Patrice continue de penser à ses projets toujours accompagnés et soutenus par Technowest. Il participe même à des concours avec des petits groupes d’étudiants pour poursuivre l’avancement de ses projets. Certains se sont développés, mais jamais concrétisés.
“Il faut se montrer prudent pour ce genre de décisions, je n’ai aucun regret, c’était un emploi de rêve.”
Le grand saut vers la création de PRDML – Reflet du Monde
Un jour, l’envie de se lancer a été plus forte, et Patrice Rosier décide de commencer une nouvelle aventure avec Lilian Marolleau, rencontré en 2010 au sein de Bordeaux Technowest. Ancien salarié de Thalès, où il a travaillé au Bureau d’Études pendant plus de 17 ans, Lilian dispose lui aussi d’une appétence pour l’aéronautique. Passionné par la photographie, il décide de quitter son poste et de se lancer dans une reconversion pour en faire son métier et fait le tour du monde avec son appareil photo en main.

Il travaille alors avec Connaissance du Monde et présente ses reportages tournés aux quatres coins du monde. Cependant, la photographie n’était pas sa seule passion. Lilian est également passionné par le paramoteur, une pratique sportive avec une voile de parapente et un moteur situé dans le dos du pilote.
Avec la combinaison de ses deux passions, Lilian réalise des prises de vue aériennes époustouflantes, notamment en bateau avecYves Parlier ou encore Pascal Vallée, champion du Monde de paramoteur. Il travaille également pour des magazines comme Capital, La Croix, Le Figaro, Géo et ses photos sont également insérées dans des manuels scolaires de Géographie.
À son arrivée à Technowest, il prend conscience que l’arrivée du drone sur le marché représente une menace pour sa propre activité. Il décide alors de s’intéresser de plus près aux drones, et est présenté à Patrice. Rapidement, les deux passionnés s’accordent et souhaitent lancer une entreprise commune. Nous sommes alors en 2013, et PRDML voit le jour. Cet acronyme reprend les initiales des deux fondateurs, et le Drone, le cœur de leur activité. Ce sont les débuts de leur aventure entrepreneuriale ensemble.
Une passion menée de front jusqu’à la concrétisation
Alors que l’aventure entrepreneuriale commence, Patrice Rosier se lance sur la préparation du parc de drones. Il s’occupe lui-même de l’assemblage, de l’achat des pièces durant son temps libre les soirs et les week-ends. En effet, il continue en parallèle d’exercer son activité professionnelle, le temps que le projet soit viable. Cette “cohabitation” de projets durera un peu plus d’une année, une période aussi compliquée que prenante, avec enfin la perspective de voir ce projet se concrétiser.
Leur apport personnel était limité à 5000€, afin de limiter les risques si cela ne fonctionnait pas. Cependant, l’investissement pour les drones, lui, était à plus de 30 000€. Une somme que Patrice a investi, en utilisant ses économies personnelles ainsi que l’argent des dotations suite aux prix des différents concours remportés. Il quitte alors son entreprise, et se lance complètement dans le développement du projet initié avec Lilian.

Au départ, beaucoup de personnes ont du mal à comprendre le concept de l’entreprise. Rapidement, des entreprises se créent sur ce secteur… Mais le modèle économique est tel que ces concurrents deviennent en réalité des clients.
Reflet du Monde, un projet aux fondations solides
Très rapidement PRDML se décline en plusieurs marques commerciales. Tout d’abord, Patrice et Lilian se lancent dans la R&D et la prestation de services, ainsi que dans la formation au télépilotage de drones. Cela leur permet de mutualiser les machines, tout en répondant aux besoins des clients. Mais les besoins se diversifient, et la demande d’acheter des drones est là. Les deux entrepreneurs se lancent alors dans la création de l’enseigne de vente.
Aujourd’hui, le groupe compte cinq sous enseignes : Reflet du Monde, Aerial shop, Agrodrone, Banque video aerienne et Drone design avec chacune sa spécialité. Avec tous ces services, l’entreprise PRDML répond à toutes les demandes, couvrant le spectre complet des besoins des entreprises. Elle devient notamment le premier centre de formation de télépilotage de drone en Nouvelle Aquitaine, avec le centre girondin. Patrice et Lilian ont continué sur cette lancée avec un déploiement sur la région Centre, puis à l’échelle nationale. Le marché y est réceptif, et a connu une croissance impressionnante.
Les choix faits ont porté leurs fruits, puisque face au développement du marché, PRDML survit face aux à des entreprises qui ferment au fur et à mesure. Leur soif de développement ne s’arrête pas, avec les nombreux projets à mettre en place autour du drone. Une progression lente, mais assurée, pour réussir à s’implanter durablement.
“Nos services sont comme les quatre pieds d’une chaise sur laquelle nous sommes assis. Ils doivent être bien stables pour que l’on ne tombe pas.”
PRDML – Reflet du Monde, une progression impactée par la COVID-19
Après la bonne amorce de leur entreprise, Patrice et Lilian souhaitent investir leurs propres bureaux pour travailler avec tout l’espace nécessaire. Ils font alors construire des bureaux de 450m² avec une boutique physique pour vendre leurs produits. Tout allait parfaitement, jusqu’aux débuts de la pandémie, et le premier confinement. PRDML n’a pas pu continuer les contrats en CDD de ses salariés, et les deux fondateurs se sont retrouvés seuls, avec leurs grands locaux vides.
Durant cette période, Patrice et Lilian ont alors déménagé tout leur matériel, équipé leurs locaux, et cette crise sanitaire a finalement été une bonne chose sous certains aspects. Mais l’impact de la pandémie se ressent malgré tout. Après un chiffre d’affaires de 760 000€ en 2019, l’entreprise n’a plus perçu que 500 000€ en 2020, avec une perte de fonds propre conséquente.

Des ambitions pour l’avenir chez PRDML – Reflet du Monde
Toutefois, 2021 a marqué la reprise, et leur a permis de retrouver un équilibre économique. Ils envisagent d’ailleurs de poursuivre, et de réaliser en 2022 une levée de fonds pour accélérer leur activité avec AgroDrone, pour semer de l’engrais vert dans les champs avec des drones. Un gain de temps considérable pour les agriculteurs, sans abîmer les exploitations.
Ils ambitionnent également d’agrandir leur équipe en embauchant 3 nouveaux commerciaux, ainsi que 3 techniciens. Leur parc de drones aussi devrait se développer, pour compter 8 à 10 drones agricoles. Cette ambition de développement correspond aussi à l’arrivée d’un nouvel associé, qui a lui aussi fait partie de Technowest.
En ce qui concerne la formation, Patrice et Lilian envisagent de continuer à développer leur catalogue de villes, et même de se tourner vers l’Outre-Mer. Dans le même temps, la R&D se concentre sur les appels à manifestation d’intérêt pour la réalisation de drones futuristes. Des drones qui serviront à la défense. Etant leurs propres investisseurs, les deux entrepreneurs veulent continuer à avancer prudemment, en maîtrisant les risques.
Le drone, un outil devenu indispensable
Dans l’agriculture, le drone devient indispensable. Il permet de surveiller l’état des bâtiments dans le BTP, ou encore de capturer le comportement d’animaux dans leur habitat naturel sans les déranger. Moins polluant, plus rapide, et plus sûr, le drone remplace l’homme dans toutes les tâches difficiles et dangereuses.
Autrefois perçu comme futuriste, le drone est aujourd’hui un moyen de transport très rapide pour des poches de sang. Il remplace les spectacles pyrotechniques, et permet de faire des prises de vue aériennes pour de nombreuses émissions et films. Patrice et Lilian ont notamment formé un cadreur de l’émission “Koh Lanta”, et ont eux-mêmes réalisé des le cadrage drone pour la série “Baron Noir”, leur formateurs ont travaillé pour “Versailles”, ou pour l’émission “l’Amour est dans le Pré”…
Aujourd’hui, PRDML travaille avec 20 à 30 intervenants externes, spécialistes de leur métier. Ils transmettent également leur passion aux clients, et cela fait partie intégrante de l’image de l’entreprise. Un succès qui n’est pas prêt d’atterrir…