Charte du “bien construire”, pour une ville qui vieillit bien

Bordeaux Métropole dispose d’une charte du « bien construire » pour les nouvelles constructions. A l’heure où les bâtiments poussent et où design, matériaux, responsabilité environnementale et énergétique devraient être une priorité, force est de constater que la qualité des constructions manque régulièrement de réflexion sur la pérennité des bâtisses et le respect des normes. Sur la métropole bordelaise, 2 chantiers sur 10 présenteraient des problèmes. Effondrement de balcons, infiltration d’eau faute d’étanchéité, fissures. Les immeubles neufs qui fleurissent un peu partout semblent ne pas avoir été pensé pour durer dans le temps. Et ce malgré l’adoption en février 2010 d’une charte de la construction durable.

Loin de ne pas se préoccuper de la qualité de ses quartiers et dans la perspective de construire quelques 7500 logements par an, la métropole bordelaise a mis en vigueur dès 2018 une charte du “bien-construire” portant comme objectif principal la réduction des malfaçons dans le bâtiment.

Bâtir à Bordeaux, des bonnes pratiques au service du bon sens

Adoptée en novembre 2017, cette charte du « bien construire » ne présente pas de valeur contractuelle, mais un regroupement des bonnes pratiques auxquelles promettent d’adhérer les signataires. Rédigées avec le concours de la métropole, d’architectes et promoteurs, de la Fédération des Promoteurs Immobiliers et la fédération du bâtiment de la Gironde, elle vise non seulement à assurer une qualité de construction mais aussi une bonne tenue dans le temps.

Cette charte a volonté à répondre à une partie des problèmes soulevés par les concernés, tels que le souci du temps, les travaux étant régulièrement lancés après la vente des lots, imposant de tenir des délais relativement courts ; le manque de personnel formé et qualifié pour la conduction des travaux ; ou encore, la fraude au travail détaché afin de sabrer les tarifs pour obtenir des marchés.

Dans le but d’inciter les signataires de la charte a respecter leurs engagements, ils obtiennent le label “bien-construire” lors de la signature. Mais, en cas de non respect de la charte, ils peuvent se le voir retirer.

Bien construire à Bordeaux Métropole, des principes pour tous les professionnels du bâtiment

Pour ne pas se réduire à certains acteurs du bâtiment, la charte « bien construire » cherche à impliquer toute la chaîne. Ainsi peuvent y adhérer toutes les entreprises, aménageurs, maîtres d’ouvrage, promoteurs, bureau d’études et architectes. Dès lors qu’ils opèrent sur Bordeaux Métropole, ces professionnels du bâtiment peuvent faire la demande de labellisation. Après étude et si l’entreprise répond aux critères, la métropole luiremet un certificat d’adhésion à la charte « bien construire ». Celui-ci est valable 3 ans, sauf manquement à la charte, qui peut entraîner l’annulation de l’adhésion.

charte bien construire bordeaux metropole
Ainsi, pour s’assurer du bon respect des engagements « bien construire », les entreprises adhérentes sont tenues de se soumettre au processus d’évaluation.

La charte du « bien construire », un engagement insuffisant selon certains

Néanmoins, malgré la forme d’exhaustivité des bonnes pratiques, l’adoption de cette charte du « bien construire » n’est pas sans quelques réticences ou insatisfactions de la part d’une partie des concernés. C’est le cas notamment d’Europe Ecologie les Verts, qui s’est exprimé lors du conseil du 26 janvier.

Ils lui reprochent par exemple de niveler vers le bas les prétentions de la charte de construction durable de 2010 ; de ne pas avoir sollicité lors de la conception de la nouvelle charte les élus de l’urbanisme, l’ADIL et les syndic alors même que, si la charte pose des règles pour la période de construction, il est également spécifié que les retombées s’évaluent sur la durée ; de parler d’engagements trop vagues et non-chiffrés pour qu’on puisse correctement estimer la rigueur des signataires ; ou encore de ne pas avoir mis en place de démarche d’évaluation suffisamment dissuasive. Pour cause, le label “bien-construire” ne bénéficierait pas actuellement d’un poids suffisamment conséquent pour influencer les concernés.

Au-delà de ces objections qui peuvent être intéressantes dans un souci d’amélioration continue, la métropole bordelaise semble s’inscrire dans une démarche de pérennisation et de qualité de la totalité de ses travaux d’urbanisme. On y trouve notamment de plus en plus de constructions en bois, dans une démarche plus écologique. Si Bordeaux est la ville où il fait bon vivre depuis quatre ans, ce n’est pas en se reposant sur ses acquis !

Sources

Dossier de presse Conseil de Métropole – 26 janvier 2018

Discours EELV – 26 janvier 2018

« Les collectivités bordelaises veillent au «bien construire»« , Le Moniteur, article publié le 23 janvier 2017

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